mercredi 14 mars 1984

Maffia Discothèque

Au début des années 80, j'ai surtout travaillé dans le milieu des discothèques et découvert un peu de la maffia de l'époque.
Au Krypton d'Aix en Provence, j'ai croisé plusieurs fois Tany Zampa. Je le trouvais plutôt sympa
mais je n'avais pas vraiment conscience que c'était un tueur inhumain. Il faut dire qu'il se baladait toujours avec les poches pleines de billets de cinq cent balles et il les distribuait facilement, genre : "Tiens, Yan, fais le marcher à fond ton laser". Ou alors, il débarquait dans la régie, distribuait des paquets de poudre en disant : "Avec ça, vous allez me faire une bonne soirée les gars". Tout le personnel l'aimait bien, jusqu'au jour où il s'est fait arrêter et que la discothèque a fermé : on s'est aperçu qu'il n'avait jamais déclaré ses employés ni payé l'urssaf et que, de fait, personne n'avait droit au chômage.

Quand je travaillais au Superstar à Nice, j'entendais dire que la boite appartenait aux "Grenoblois". Pendant certaines soirées, il y avait des moments de tension, quand les "Italiens" ou les "Yougos" débarquaient, mais jamais de sang versé. La seule fois où j'ai vu une arme c'était un soir où l'ambiance était chaude et la musique à fond, j'ai senti un truc froid sur ma nuque et entendu une voix derrière moi : "Tu baisses ta musique ou je t'explose la tête". C'était le voisin du dessus, pas mal bourré, qui n'arrivait pas à dormir à cause du bruit et qui me braquait avec un flingue. Les videurs ont réussi à le calmer, mais ce n'est pas un bon souvenir.


A Nice, les gens étaient fiers de dire qu'ils connaissaient tel ou tel malfrat, et de savoir qui avait tué qui. J'étais un peu comme ça aussi, je me suis longtemps vanté de faire des K7 pour un mec qui m'avait donné le prix des contrats, trois cent francs pour tabasser, mille francs pour tuer mais comme j'étais sympa il me ferait un prix. Quand on glisse ça dans la conversation à un client mauvais payeur, ça aide  à encaisser les factures.