jeudi 17 novembre 2005

Brickell

A l'heure du déjeuner, le quartier de Brickell me fait penser au feuilleton "Le Prisonnier”.
Les gens déambulent avec lenteur dans la chaleur.
Les hommes portent des chemisettes impeccables et les femmes des tailleurs légers.
Une impression de ralenti flotte dans l'air, et une fausse impression de légèreté, fausse quand regarde un peu plus prés, pas de sourires, pas d'échanges amicaux.
Les visages sont fermés, préoccupés, sérieux.
Les américains sont des gens sérieux.
On n'y rencontre pas d'énormes boules gardiennes comme dans la série télévisée, mais on peut voir tournoyer des aigles dans le ciel lavé par les vents de la baie.
Je pense souvent au jour ou j'ai vu ce que j'ai alors interprété comme un signe.
Je roulais lentement en vélo dans le quartier de Brickell, préoccupé pas des décisions a prendre, a la recherche d'un chemin, comme cela m’arrive souvent.
Je me suis arrêté le long de l'allée d'un parking, j'ai posé le pied a terre et un cri strident m‘a fait lever la tête.
Trois aigles ont tournoyé une dizaine de fois au dessus de moi, très bas, ils m'ont presque frôlé, c'était impressionnant. Et puis ils sont tout a coup partis vers l'ouest.
Je me suis remis en selle, avec l'impulsion de les suivre mais il y avait un chien jaune devant la roue du vélo.
Il avait la tête relevé et me regardait fixement, un regard intense, humain.
Il me barrait le chemin et je n'ai pas pu démarrer.
J'ai regardé vers le ciel, les aigles avaient disparu.
Lorsque j'ai baissé les yeux, déçu de ne pas pouvoir les suivre, le chien avait disparu aussi.